[JM B] informatique et société N° 15 - 20 avril 2009


Sommaire du numéro 15

Ce numéro est surtout destiné à vous signaler la parution de
Ligue des Droits de l'Homme : Une société de surveillance ?
L'état des droits de l'homme en France, édition 2009

Auteur collectif : Ligue des Droits de l'Homme, sous la direction de Jean-Pierre Dubois, président de la ligue des droits de l'homme et professeur de droit public, et Agnès Tricoire, avocat (non, il n'y a pas de "e") et membre du bureau national de la LDH.
Éditions La Découverte.

Vous trouverez aussi, au lien
http://iets.entre-soi.info/pages/Fichiers-nominatifs-janvier-2009
un document recensant les fichiers nominatifs en France début 2009,
source LDH.

Sommaire


  1. Bienvenue
  2. Une société de surveillance ? (Ligue des droits de l'homme)
  3. Bribes d'humeur

1 Bienvenue


Il arrive que, soit grâce à vous, soit de moi-même je constate des erreurs dans ce que je vous envoie. Ma méthode est alors la suivante : les textes sont en ligne sur le présent site. Je ne modifie jamais le texte original, mais j'insère le rectificatif dans ce texte original. Respect de l'histoire et de la trace.

[JM B] informatique et société est également envoyée en copie cachée par courrier électronique.
Si vous souhaitez figurer sur la liste de diffusion, merci de m'écrire à
jean-michel.berard (chez) orange.fr Remplacer (chez) par @

Réactions bienvenues. Diffusion libre en citant la source et la date.
La sélection, la rédaction des synthèses et les commentaires
n'engagent strictement que moi.
Vos réactions, en particulier en cas d'inexactitude dans mes propos, sont appréciées.
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2 Une société de surveillance ? Ligue des droits de l'homme



Toutes les références de ce livre de la Ligue des Droits de l'Homme sont données ci-dessus dans le sommaire. Sauf à le recopier entièrement, on ne peut rendre vraiment compte d'un tel ouvrage, où chaque mot a son importance et où chaque analyse porte. Il vaut mieux l'acheter (cela soutiendra aussi bien la LDH que les éditions la Découverte), ou, si la crise rend la dépense de 10 euros douloureuse pour vous, demander aux bibliothèques municipales ou associations que vous fréquentez de l'acheter.



Je recopie la quatrième de couverture, et vous renvoie pour le reste à l'ouvrage, qui étudie la situation des libertés en général, et contient de nombreux passages très incisifs sur les atteintes aux libertés par les systèmes informatisés. Comme on aimerait que les partis "de gauche" aient sur tous ces sujets des données et réflexions aussi pertinentes.

"Puces, caméras, bases de données et fichiers pullulent aujourd'hui et s'interconnectent de plus en plus largement : dans une journée ordinaire de vie urbaine chacun de nous est "tracé" au moins une bonne dizaine de fois. La Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés elle-même a alerté sur la mise en place d'une "société de surveillance."
A partir de besoins légitimes et d'apparence anodine (suivre le parcours scolaire des élèves, réguler le trafic urbain, etc.) le fichage global peut, dans les toutes prochaines années, mettre un outil extrêmement performant au service de la sélection, de la discrimination, de la stigmatisation des "déviants" et du contrôle social généralisé. D'autant que les politiques actuelles, sécuritaires, xénophobes, traqueuses de fraudeurs dans la "France d'en bas" ne cessent d'œuvrer en faveur d'un surcroit de surveillance. D'où la nécessaire critique de ce marché de dupes qu'est l'échange des libertés contre une protection illusoire. Au cœur du combat contre les projets de fichiers gouvernementaux, la LDH dresse ici un tableau inquiétant de la situation en France, où le recul des libertés menace la vie privée, l'action militante, le travail social, les associations de défense des droits... Mais la mobilisation de la société civile peut faire reculer les gouvernants. Expliquer, alerter, mobiliser : la défense des libertés et de la vie citoyenne appelle plus que jamais à la vigilance citoyenne et au débat démocratique le plus large."
Fin de la citation de la quatrième de couverture, suite à l'intérieur de l'ouvrage.
Pour ce qui concerne les sujets habituels de "[JM B] informatique et société", voir en particulier les articles de J.C. Vitran et A. Weber.

Bon, je m'arrête sinon je vais recopier tout l'ouvrage, tant tout cela doit être dit.
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3 Bribes d'humeur

Surveillance globale



France inter, le 7-9 du samedi matin 18/4/2009, émission consacrée à la surveillance et au renseignement, à propos de la sortie du film OSS 117 (bonnes critiques, humour au second degré, semble-t-il pour déboulonner le mythe du héros invincible).



On y parle du livre de Eric Sadin, Surveillance globale. J'en ai trouvé un résumé intéressant sur
http://maurice-darmon.blogspot.com/2009/02/eric-sadin-surveillance-globale.html
A part cela, je ne connais pas ce blog.



Juste au moment où j'allumais la radio, un spécialiste du renseignement (je ne sais pas si c'était Sadin ou l'invité précédent) disait : "On se préoccupe beaucoup du fichage par les états, Edvige et autres. Mais actuellement les services de renseignement (politiques ou économiques) n'utilisent pas edvige, ils trouvent beaucoup plus de choses sur facebook et grâce à tous les renseignements que chacun met en ligne volontairement sur internet."



C'est une question sous-estimée, dit cet intervenant, et je partage son point de vue. Les actions contre Base élèves, Edvige et le fichage des enfants à trois ans ont utilement mobilisé l'opinion publique. Mais l'aspect que j'appelle "little brother", où chacun sait tout sur tout le monde est encore peu perçu. L'intervenant, en forme de paradoxe, dit : "Plus ou moins, les états sont tenus par des lois pour créer leurs fichiers. Mais pour tout le reste, les groupes de pression, les lobbys économiques, les employeurs et le crime organisé ont accès à un ensemble de données que nous leur donnons tout à fait volontairement, et pour lesquelles le "droit à l'oubli" est pratiquement impossible.
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Surveillance insidieuse : l'œil vous regarde



Le 13 avril 2009, un article de Christopher Beam sur
http://www.slate.fr/story/3755/espionnage-webcam-internet

L'auteur nous rappelle que la plupart de nos ordinateurs sont maintenant équipés de webcams, qui permettent d'échanger des images en direct avec les amis. Mais il nous dit aussi qu'un informaticien un peu habile peut à distance prendre le contrôle de cette caméra et observer à votre insu ce qui se passe chez vous. A tout hasard, et quoique je ne voie vraiment pas qui pourrait vouloir passer du temps à m'espionner assis à mon bureau, j'ai collé du scotch sur l'œil insidieux de la webcam au dessus de l'écran de mon ordinateur. Pour le principe... L'auteur signale aussi que l'on peut faire de l'espionnage avec le micro intégré à l'ordinateur, et, là, il ne voit pas trop comment se protéger. Silence, les murs ont des oreilles.



Il tempère l'inquiétude en disant que les renseignements que l'on peut obtenir sur vous par cette méthode d'espionnage ne sont que très peu de choses, et peu intéressantes par rapport au contenu de votre ordinateur, facilement piratable et à toutes les traces que vous laissez volontairement sur le net. C'est vrai, ça console. Statistiquement, autant avoir l'appendicite qu'un cancer. Le problème est que, là, on peut avoir les deux à la fois.



De toutes façons, toutes ces mises en garde sont bien dépassées : il faut renoncer à la notion de vie privée, qui semblait pourtant essentielle à notre démocratie, pour passer à une saine vision de la transparence à l'anglo-saxonne : rien à se reprocher, rien à cacher. Pour se laver de la culpabilité originelle, tout montrer pour prouver que l'on n'est pas coupable. (C'est une citation, l'auteure se reconnaitra.)



Je sais, vous me l'avez déjà dit, l'humour passe mal sur internet.
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Hadopi



La loi désignée par le petit nom de Hadopi est destinée à éviter le piratage des œuvres, en particulier musicales, grâce à un système où, au final, l'internaute fautif peut se voir privé de sa connexion internet, tout en continuant de la payer. Cette loi suscite de vifs débats : est-ce un véritable soutien à la rémunération des créateurs et à la création, où n'est-ce qu'une tentative des grands "majors" de l'édition pour sauver leurs profits ? La loi est-elle techniquement dépassée ? L'industrie de l'édition musicale pourra-t-elle se passer de trouver d'autres modèles économiques ? L'accès à l'internet est-il une des libertés fondamentales ? Je n'ai pas d'avis solide. Le président Sarkozy, lui, tient beaucoup à cette loi.



Trois remarques :



- je ne suis pas du tout partisan de l'idée de "gratuité" sur internet. Surtout dans notre société, il va de soi que rien n'est gratuit, donc que quelqu'un paie et que quelqu'un d'autre gagne. Google est gratuit, mais vend à prix d'or mon profil de consommateur, en attendant de vendre la liste des questions auxquelles je m'intéresse ou de vendre aux compagnies d'assurance la liste des sites médicaux que j'ai consultés. Et la plupart des sites gratuits sont payés par la publicité sous diverses formes, ce qui leur enlève de l'indépendance.
Bon effectivement, il faut étudier séparément l'exception des logiciels libres et des licences du type creative common.



- je n'ai pas tout compris, car les choses sont un peu complexes, mais je crois que, techniquement, pour avoir un réel contrôle sur les échanges de fichiers, compte tenu des évolutions des logiciels, il faudra avoir accès au contenu de ce qui est échangé. Et, si j'ai bien compris encore, ce sont les sociétés représentant les "ayants droits" qui signaleront aux autorités compétentes les éventuels délits. C'est une brèche énorme ouverte dans le secret de la correspondance personnelle, et qui plus est en confiant cette levée du secret à des institutions privées. Tout cela est expliqué bien mieux que je ne peux le faire dans l'article de Bruno Ory-Lavollée, paru dans un numéro du journal "Le Monde" dont je n'ai malheureusement pas gardé la date, et intitulé "Création et internet : inutile précaution ? Il faut faire respecter à la fois le droit d'auteur et les droits de l'homme".

- au fil du temps, et malgré le fort soutien de N. Sarkozy, les députés UMP croyaient de moins en moins à cette loi. Résultat : ils sont venus peu nombreux pour voter, se sont retrouvés en minorité sur les bancs de l'assemblée, et la loi a été repoussée (pour l'instant, 16/4/2009). Commentaire de certains ministres : c'est une manœuvre de sabotage lancée par le parti socialiste. Curieuse conception de la démocratie : appeler sabotage le fait que les députés de l'opposition viennent à l'assemblée pour voter !
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Chargeurs pour téléphones portables



Petit hommage à l'un d'entre vous, qui, avec plusieurs associations, travaille à cela depuis des années. Des années pour que les médias annoncent enfin que les fabricants de téléphones portables pensent mettre en service... en 2012 ! un chargeur universel, qui éviterait l'énorme gaspillage économique et écologique résultant du fait que actuellement chaque téléphone a son propre chargeur. La route est encore longue après cette première victoire. Pour l'instant rien ne dit que l'on pourra acheter le téléphone et le chargeur séparément, et ne pas acheter le chargeur si l'on en a déjà un.

En tout cas bravo pour cette première étape, qui n'allait pas de soi.

Bien que l'obésité devienne un gros (!) problème de santé publique, les fabricants de barres chocolatées pourront continuer de faire de la publicité à la télévision pendant les émissions pour enfants. Bien que certains experts prévoient qu'il n'y aura plus du tout de poisson dans les mers en 2040 si la pêche industrielle continue à ce rythme, les pêcheurs bloquent les ports pour avoir le droit de pêcher plus. Avoir obtenu une avancée sur les chargeurs dans cette société folle n'allait pas de soi. D'ailleurs, cela va créer du chômage chez les fabricants de chargeurs. Impasse du système...

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Environnement cliquable, environnement flicable ?



L'un de vous signale un article (J. de Rosnay sur agoravox) sur "l'environnement cliquable". Inutile de résumer, il faut lire cette étude prospective pour un futur sans doute proche. Étonnant, inquiétant, stimulant, fantasmatique, brillant médiatique de l'auteur ? La conclusion de l'article est "L'environnement cliquable sera-t-il un environnement flicable ? " Je n'ai pas compris la nuance d'orthographe entre qu pour cliquable et c pour flicable... http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=51418

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Surveillance généralisée, un espoir déçu



Le 15 avril 2009, un policier qui a, semble-t-il, commis trois assassinats, est arrêté par ses collègues policiers : l'intéressé n'avait pas éteint son téléphone portable, et ses collègues l'ont "tracé" facilement.



En quoi cela est-il une bonne nouvelle ? Cela prouve que, dans la police française, il y avait au moins un policier qui ne savait pas que l'on pouvait tracer les gens grâce à leur téléphone. Cela limitait donc les risques de surveillance généralisée. Cela dit, maintenant qu'il a été arrêté...



En fait, il voulait communiquer avec les trois victimes et a dans l'émotion confondu son téléphone avec une table tournante.



Je sais, vous me l'avez déjà dit, l'humour passe mal sur internet.
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