[JM B] Informatique et société N° 19 - 2 novembre 2009

Sommaire du numéro 19 Iets

  1. Humeur, humour
  2. Au fil du temps
  3. Alerte
  4. Liens, citations et réactions de vous tous
  5. Accueil


1 Humeur, humour

Proverbe shadok : il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien plutôt que risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas.

Julien Green : l'opinion publique, c'est la sottise en action.

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2 Au fil du temps

Être ou ne pas être vidéo protégé ? On ne s'en lasse pas…

Citation partielle d'un article paru dans Rue 89 le 11/10/2009, auteur Antonin Grégoire, titre Vidéo protection, des fonds publics pour une grande arnaque.

A mon avis, l'article vaut d'être lu en totalité.

http://www.rue89.com/2009/10/11/videoprotection-des-fonds-public-pour-une-grande-arnaque

"[Vous voulez flâner en vous délectant d'images de caméras de vidéo surveillance ?] Enfantin : il suffit d'entrer dans la barre d'adresse d'un navigateur Internet l'adresse IP de la caméra pour y avoir accès, Tout simplement. N'importe qui peut le faire, et dans la plupart des cas, aucun mot de passe n'est requis : absurde à la logique humaine, de protéger la protection…

Preuve ? Vous tapez dans google inurl : « view/index.shtml » ou encore inurl : « MultiCameraFrame ? Mode= ».

Magie : les adresses IP de milliers de caméras de surveillance partout dans le globe. Des parkings, des campus, des autoroutes, des tarmacs d'aéroports… si n'importe qui peut faire ça en deux clics, imaginons ce que peut faire quelqu'un d'un peu plus patient et déterminé. Il pourra enrichir la novlangue à loisir : vidéoplanification d'attentat terroriste, vidéorepérage des lieux d'un casse, vidéovol de secrets industriels et, quand on aura bien équipé les établissements scolaires, vidéopédophilie de cour de récréation…

Mots promis à un grand avenir à mesure que les gouvernements financeront la grande arnaque de la vidéoprotection.

Fin des extraits de l'article.

Je n'ai passé que très peu de temps à explorer les liens donnés par l'auteur. J'ai trouvé une vue en direct et en permanence de l'entrée de la grotte de Lourdes. On reconnaît très distinctement les gens. La caméra de la place de la liberté à Brest filme en permanence, mais de très loin. La caméra du jardin d'enfants d'Arlesheim en Suisse filme de très près (idéal pour les pédophiles en repérage) mais ce vendredi après-midi le jardin d'enfants est désert. Sur les images de la caméra d'un parking de Munich, on voit les passants et leurs vêtements, mais la distance est trop grande pour qu'on reconnaisse leur visage. Sur la grande place d'Anchorage en Alaska, il fait nuit et il y a de la neige. Pas un passant en vue. Quant aux caméras des pistes de mon village de Savoie, elles montrent, en différé, les images d'hier. Pas de neige, pas de skieurs.

Je n'ai pas pu accéder aux caméras que des particuliers ont placées chez eux. Sans doute y avait-il trop de connexions ("délai d'attente dépassé"). Qu'est-ce qui peut pousser des gens à mettre en ligne pour le monde entier des images de leur vie privée ?

En passant plus de temps, j'aurais sûrement trouvé beaucoup plus de caméras accessibles, dans des rues, des entreprises, etc. En tout cas c'est possible. Le pèlerin de Lourdes, ou le passant dans telle rue, même s'il y a une affiche "souriez vous êtes filmé" a-t-il conscience que son image est diffusée dans le monde entier ?

Jusqu'à maintenant, j'étais contre la vidéo surveillance, mais je pensais tout de même naïvement que les images des caméras étaient analysées par des personnes habilitées. J'apprends donc (cf. numéro 18 de Iets) que des particuliers vont être payés pour signaler les comportements suspects vus sur des images, et j'apprends maintenant que les images de certaines caméras, sans que le passant le sache, sont visibles du monde entier. Je suis trop naïf, et vais de surprise en surprise …

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Être ou ne pas être vidéo protégé ? Rectification

Il convient d'apporter les rectifications suivantes au texte de même titre paru dans le N° 18 Iets :

Rectificatif daté du 28 10 2009

- le député Vanneste a déposé un projet de loi, et non pas une proposition de loi;

- d'après des spécialistes en informatique, on est encore loin du jour où des images de caméras de vidéo surveillance pourront être comparées au images contenues dans un très gros fichier comme celui du passeport ou de la carte d'identité. La possibilité de comparaisons d'images de vidéo surveillance avec un fichier spécifique (criminels ayant commis tel crime, terroristes) n'est en revanche pas irréaliste.

Suivant la déontologie que je me suis fixée, je ne modifie jamais un texte déjà mis en ligne sur le blog. Simplement, à la fin du texte, j'insère le rectificatif. Le texte original et le rectificatif sont donc disponibles.

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Données personnelles à usage commercial

Grâce à toutes les traces que laissent nos inscriptions en ligne, consultations de moteurs de recherche, présence sur divers sites, les commerçants (et en premier lieu Google) constituent sur chacun de nous un fichier recensant en particulier nos habitudes et comportements de consommateur. Ces fichiers sont ensuite vendus aux organismes commerciaux (marques, organismes de distribution) pour qu'ils puissent adapter finement leur stratégie à chacun de nos comportements individuels.

Google et les autres peuvent aussi, sans difficulté, constituer des fichiers de nos centres d'intérêt, opinions politiques, comportements de citoyens. Mais, comme le dit M. Marzouki, présidente de "Imaginons un Réseau Internet solidaire", ces grandes sociétés sont essentiellement des commerçants. Certaines ont pu livrer des renseignements sur les dissidents au gouvernement chinois, mais, au total, cela nuit à leur image et à leur activité lucrative de vente de profils de consommateurs.

J'ai appris récemment grâce à l'un de vous que l'on peut demander à Google de nous rayer de la liste des personnes recevant des publicités sur la base de leur profil :

http://www.google.com/ads/preferences

On peut également demander la même chose à Network Avertising Initiative :

http://www.networkadvertising.org/

J'ai aussitôt et avec enthousiasme demandé à ces deux organismes de ne plus m'envoyer de publicités ciblées à partir de mon profil.

Jusqu'à constater une fois de plus ma naïveté. Cette démarche n'interdit nullement à ces sociétés d'établir mon profil et de le vendre. Elle leur demande seulement de ne plus m'envoyer de publicités ciblées, ce qui n'est qu'une petite partie de l'usage que peuvent faire les commerçants de mon profil.

Cela pose à nouveau la question de la gratuité sur Internet : qui paie ce qui est gratuit ? On consulte Google gratuitement, mais en lui abandonnant de nombreuses données qui lui permette de constituer et vendre notre profil.

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Livre électronique

De nombreux articles et analyses ont été publiés ces derniers jours sur les conséquences qu'aura le livre électronique sur la pratique de la lecture, l'avenir de l'édition, la place du livre.

Il n'est pas question de résumer ici tous ces articles.

Simplement, je me pose à ce sujet deux questions, que je trouve rarement mentionnées :

- quelle sera la permanence du livre et du journal numérique ? L'un des articles que j'ai lus s'inquiète : le vendeur sera-t-il en mesure, et en droit, de supprimer de la mémoire des appareils des acheteurs des livres qu'ils auront acquis ? Pourquoi le ferait-il ? Procès intenté par un éditeur qui ferait valoir ses droits, faillite de la société vendeuse, censure… En allant plus loin, je me demande comment être à l'abri du fait que le vendeur, lors d'une prochaine connexion, puisse modifier rétroactivement les textes vendus ? Exemple : un journal menacé de procès en diffamation modifie rétroactivement un article. Comment l'acheteur pourra-t-il être assuré de la permanence de ce qui est contenu dans les mémoires de sa machine ?

- quelle sera la pérennité des textes achetés ? Je retrouve dans la bibliothèque de mes grands parents de nombreux ouvrages, dont certains datent du 18ème siècle. Que retrouverai-je dans la mémoire de leurs appareils numériques ? Rien dans doute, car on ne connaît pas de façon fiable la durée de conservation des données, mais on sait qu'elle est faible, quelques dizaines d'année sans doute. Où sera mon héritage culturel ?

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3 Alerte

Edvige, toujours. (cf. N° 18 de Iets).

La création par décret de deux nouveaux fichiers nationaux nominatifs suscite de vives protestations.

Le premier fichier s’intéressera aux "personnes dont l’activité individuelle ou collective indique qu’elles peuvent porter atteinte à la sécurité publique", mineurs de 13 ans compris. Notons le caractère extensif et imprécis de la caractéristique "peuvent" porter atteinte à la sécurité publique.

Le second, dénommé "Enquêtes administrative liées à la sécurité publique" (EALSP), concernera les postulants (de 16 ans au moins) à des emplois "sensibles", que ce soit dans le public ou dans le privé, mais aussi les postulants à la légion d'honneur ou à l'ordre du mérite, les étrangers voulant faire établir ou renouveler leurs titres de séjours, les étrangers désirant acquérir la nationalité française., les personnes accédant à des zones sensibles du fait de l'activité qui s'y déroule (aéroports ?). La liste des personnes concernées est longue, la CNIL l'estime à plus de un million de personnes.

Cf. le site du collectif "Non à edvige", le site de la ligue de l'enseignement, et bien d'autres encore.

http://www.nonaedvige.ras.eu.org/

http://nonaedvige.ras.eu.org/spip.php?article1078

Il me semble que l'appel à signatures en tête de ce site concerne le précédent projet de fichier. Tout le reste du site est à jour, avec des informations importantes sur edvige.

La CNIL (commission nationale de l'informatique et des libertés), elle, est assez satisfaite des améliorations qu'elle a obtenues et de ce qu'elle considère comme un pouvoir de contrôle renforcé qui lui est attribué.

Communiqué CNIL du 22 octobre :

http://www.cnil.fr/la-cnil/actu-cnil/article/article/2/de-edvige-i-a-edvige-iii-des-fichiers-de-renseignement-desormais-mieux-encadre/




Ainsi, la CNIL se réjouit que la vie sexuelle ne soit plus fichée, au contraire de ce qui était initialement prévu. Mais elle trouve normal que l'on fiche les activités politiques, religieuses, philosophiques ou syndicales. Je me trompe peut-être, mais il me semble que cela autorise à ficher les francs-maçons, et les juifs pratiquants. Vive Pétain… Quant aux données qui permettront de refuser l'accès à certains emplois du fait d'activités syndicales, c'est un immense retour en arrière du droit français.

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4 Liens, citations et réactions de vous tous



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