[JM B] nouvelles des tic 13 mai 2008
Par Jean-Michel Bérard le mardi, mai 13 2008, 14:44 - Lien permanent
Depuis ce matin je vis un enfer à cause de Facebook, ce réseau qu'on dit si sécurisé et fliqué. Vers 10 heures, je me connecte à Internet, et plusieurs amis m'envoient des messages du même type:
"Fred tu as créé un nouveau profil sur FB ou c'est un usurpateur ?".
Je vérifie aussitôt, et effectivement un personnage particulièrement malveillant a pris mon identité. J'ai le compte "Frederic Vignale" (sans accents aigus), et lui a créé "Frédéric Vignale" (avec les accents)...
Sur le coup, j'ai trouvé ça pénible, mais je n'avais pas encore mesuré la portée de cet acte. J'ai finalement compris que le but de mon usurpateur était de me piquer mes 935 amis de mon compte officiel, récupérer mon réseau et balancer des ignominies sur moi "RMISTE, mégalomane, fainéant, escrocs..".
C'est devenu carrément effrayant lorsque une de mes amies, la journaliste Sophie Girardeau, m'a envoyé des copies de message envoyés par mon faux clone... qui lui disait de retirer mon vrai compte de la liste de ses amis Facebook.
"C'est toi ou pas? Raconte-moi une anecdote pour que je sache"
J'ai paniqué, appelé mes amis avocats, cherché en vain à contacter des responsables de Facebook pour me plaindre.
J'ai envoyé un mail à mes amis :
"Cher(e)s ami(e)s
Attention, une personne particulièrement malveillante et sans doute malade mentalement a usurpé mon identité sur Facebook en créant un profil "frédéric Vignale" [...] Je vous demande comme un service de bloquer cette personne pour l'empêcher de nuire en mon nom...
Vignale, le vrai."
Depuis ce matin et après ce post, je dois justifier de ma propre identité auprès de mes amis qui me disent: "C'est toi ou pas? Raconte-moi une anecdote pour que je sache si j'ai vraiment affaire à toi".
Je crois savoir qu'une telle mésaventure est arrivée à Magloire, l'animateur de M6. Combien d'autres victimes que nous? Que compte faire Facebook pour protéger nos identités?
Ces intrusions dans nos identités virtuelles peuvent avoir de graves conséquences, de grands préjudices. Comment prouver que ce clone qui peut harceler ou draguer à ma place n'est pas moi?
A l'heure où j'écris ces lignes rien n'est résolu dans mon affaire. je vais devoir porter plainte pour usurpation d'identité. Combien va me coûter cette histoire en temps et en argent?
Mieux surveiller, dans le but, bien sûr, de rendre service !
Sécurité : des citoyens de plus en plus fichés
Synthèse et extraits d'un article du journal "Le Monde" du 6 mai 2008, signé Isabelle Mandraud.
L'article recense les principaux fichiers de sécurité existant en France : Judex et Stic (fichiers de la gendarmerie et fichier de la police, prochainement fusionnés), 7 millions de personnes fichées. Fichiers des RG et de la DST, prochainement fusionnés, 2 600 000 personnes fichées, fichier des empreintes génétiques (étendu à tous les types de délit depuis la loi de 2003, alors qu'il était initialement prévu pour les délits sexuels), 177 000 empreintes de condamnés, 420 000 empreintes de mis en cause non condamnés, etc.
L'article montre les succès que ces fichiers ont permis d'obtenir pour retrouver un coupable ou innocenter un innocent.
L'article pointe aussi certains problèmes ; ainsi le fichier STIC tenu par la police rassemble à la fois les personnes soupçonnées, les victimes et les témoins. Faute de moyens les personnes mises en cause et acquittées ne sont pas toujours rayées du fichier et peuvent se voir refuser certains emplois. Les informations sont conservées pendant des durées très longues, pouvant atteindre 40 ans. Alain Bauer et Christophe Soulez sont auteurs d'un rapport paru en 2007 à la Documentation française (Fichiers de police et de gendarmerie : comment améliorer leur gestion); Ils plaident pour une "plus grande transparence"
Dans un encadré figure un entretien avec Alex Türk,président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés,
et sénateur UMP du Nord. (eh oui, UMP, pas un gauchiste fanatique...)
Extraits des propos de Alex Türk :
Le développement des fichiers de la police est un phénomène mondial. Ce développement n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière. Mais quand cela sera le cas, que se passera-t-il ? Que savons nous de l'impact que ces fichiers auront sur notre société ? [...] S'ils arrivent à maturité et sont connectés nous serons tous fichés en tant que citoyens. Si l'on ajoute à cela la biométrie, la vidéo surveillance, la géolocalisation, les moteurs de recherche sur internet, les développements des nanotechnologies, on peut se poser la question de la nature, demain, de notre société. Cela peut en changer férocement le sens. [...] Chaque fichier pris séparément est légitime, mais le jour où ils seront connectés entre eux, on se posera la question. Si l'on plonge une grenouille dans l'eau bouillante, elle tente d'en sortir le plus rapidement possible, mais si on la plonge dans l'eau froide et que l'on chauffe, elle n'a aucune réaction. Je me demande parfois si nous ne sommes pas dans cette situation. Fin de la synthèse et des extraits
Journée d’étude du CREIS du 23 mai 2008 à Paris
organisée par le CREIS (Centre de coordination pour la Recherche et l'Enseignement en Informatique et Société)
http://www.creis.sgdg.org
Institut Jacques-Monod, tour 42, RdC
Plan d'accès : http://www.upmc.fr/FR/info/Venir_UPMC/05
INSCRIPTION : Accès gratuit, mais inscription obligatoire
par courriel : creis-je2008@creis.sgdg.org
10 h – 11 h
« Les réseaux sociaux et le Web 2.0 : opportunités et menaces pour les internautes »
David Fayon, responsable Processus et déploiement des référentiels SI à La Poste, auteur de « Clés pour Internet » et « Web 2.0 et au-delà » (à paraître)
11 h – 12 h
« De la protection de la vie privée à la gestion active de l’identité : comment arbitrer entre maîtrise, commodité et valorisation de soi ? »
Charles Nepote, directeur du programme « Identités actives » de la FING (Fondation Internet Nouvelle Génération)
http://www.identitesactives.net/
13 h 45 – 14 h 30
« Les réseaux sociaux menacent-ils les libertés individuelles ? Impact du buzz marketing et zoom sur les réseaux sociaux (Facebook, MySpace…) »
Alban Martin, responsable du buzz marketing chez Orange, spécialiste des réseaux sociaux.
14 h 30 – 15 h 15
« Réseaux sociaux, quels risques pour la vie privée et les droits des personnes»
Vincent Dufief, avocat au barreau de Paris
15 h 30 – 16 h 15
« Quelle identité numérique à l’heure du Web 2.0 ? : définitions, perceptions et comportements »
Christine Balagué, maître de conférence à l’Université des sciences et technologie de Lille 1, professeur vacataire à HEC, vice-présidente de Renaissance Numérique
Caroline Miltgen, maître de conférence en sciences de gestion, université d'Angers
La France solidaire pour réduire la fracture numérique mondiale
80% des internautes ne représentent que 19% de la population mondiale et les pays africains ne recensent, de leur côté, que 2% des utilisateurs du Web. Réduire la "fracture numérique" est l'objectif de l'Agence mondiale de solidarité numérique. Une conférence aura lieu à Lyon en novembre pour promouvoir de nouveaux accès au développement et trouver des financements.
Le dernier rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement montre le lien inextricable entre l'amélioration des conditions de vie et l'accès aux technologies de l'information et de la communication. "Un point de télédensité revient à un point de PIB", explique Jean Pouly, le directeur de l'Agence mondiale de solidarité numérique basée à Lyon. Cette télédensité est calculée selon le nombre de téléphones et d'ordinateurs au kilomètre carré.
Plusieurs projets ont ainsi été mis en place. Parmi eux, "l'afrikeduc" propose d'équiper des écoles d'Afrique francophone en "tableaux blancs interactifs": un écran d'ordinateur projeté au mur et qui répond à la baguette du professeur. Un mode éducatif associé à la mise à disposition de ressources pédagogiques numériques.
La "télémédecine" est également à l'ordre du jour. Un médecin d'Europe pourra échanger avec un praticien africain afin de renforcer ses compétences ou de l'aider dans son diagnostic. Pour l'instant, 1000 unités de télémédecine sont ainsi prévues.
Enfin, une politique de gestion des "e-déchets", vieux ordinateurs recyclés sans aucune précaution sanitaire, pourrait créer des emplois dans le domaine du recyclage. Des programmes ambitieux qui ne jouissent pas encore de la visibilité publique et médiatique escomptée.
Le fonds et l'Agence mondiale de solidarité numérique ont été créés en 2005 à la suite des sommets mondiaux sur la société de l'information de Genève et Tunis. La Conférence qui se tiendra à Lyon en novembre a été proposée à l'instigation du président sénégalais Abdoulaye Wade et à l'invitation de Nicolas Sarkozy. Mot d'ordre: trouver toujours plus de partenaires.
La présence fugitive du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, rappelle que la France, membre fondateur du Fonds de solidarité numérique, tient un rôle dans cette politique de désenclavement. La création de soixante centres d'accès public à Internet dans les zones rurales africaines en est partie prenante. Mais ce n'est là encore qu'un petit pas à l'échelle de la fracture à réduire.