J'ai personnellement une position plus nuancée, car je ne trouve
pas illégitime que la société veille à sa propre sécurité. Il demeure que la
façon dont cela est fait dans STIC et tout à fait insoutenable. Iris pense que
pour réformer STIC il faut d'abord le supprimer, j'ai la faiblesse de penser que
l'on peut faire autrement, mais il s'agit d'une simple divergence minime de
tactique.
La lettre N° 12 citait un
extrait du journal "Les inrockuptibles" du 28 octobre 2008 donnant les adresses
de nombreux sites qui permettent de prendre connaissance des méthodes de fichage et de surveillance, qui nous concernent tous.
L'un de vous a recherché l'adresse correcte du site où le parti de F. Bayrou, le
MoDem, traite ce sujet.
Ce renseignement s'accompagne du commentaire
suivant :"J'ai vu au voisinage que le MoDem "occupe bien la
toile" avec une "Blogosphère MoDem" très riche."
L'un de vous signale le site "Article XI",
que je ne connais pas. Je n'ai pas su y trouver les mentions légales,
responsable de publication, auteur des articles. Dommage. En tout cas, on y
trouve un article inquiétant, qui est une fiction, mais à peine, et un entretien
long et dense avec A. Mattelart, auteur de "La globalisation de la
surveillance."
Surveillance de chacun par chacun
(la pieuvre), rebonds
Réaction de l'un de vous à l'article sur "Le
tigre" paru dans la lettre 12 :
"Sur "Le tigre", je ne l'avais pas lu sous
l'angle : "Surveillance de chacun par chacun, la pieuvre". Je n'avais lu que
"Fichage de chacun par lui-même, la preuve". (Pardonne-moi le
pastiche.)" Ben oui, ce genre d'humour m'est réservé,
si tout le monde s'y met, où allons-nous ? JM B. "Pour moi, l'exercice du journaliste était assez
formel et constitue un moyen de motivation, de sensibilisation, efficace parce
que spectaculaire et proche de chacun, à la prise de conscience que l'individu
est le premier responsable des traces qu'il laisse. La "confusion des espaces
publics et privés" est pointée du doigt par le portrait Google. Personnellement,
je ne voyais pas pourquoi on pourrait porter plainte. De la même manière que la
demande d'anonymisation de l'article, ces réactions participent à la
démonstration... "Fin du message.
Absolument. Lecteur à
l'œil aigu comme celui du lynx dans la jungle des tigres, tu as remarqué qu'il manquait la
moitié de mon texte, ce qui nuisait à sa cohérence. J'avais commencé à écrire
la moitié manquante, sur la surveillance de tous par chacun et
réciproquement. J'aurais cité à nouveau les exemples de la dame qui poursuit de
sa vigilance son "ex" en se tenant au courant de tout ce qu'il fait, des
employeurs pour qui faire un profil google est devenu une habitude avant
l'entretien d'embauche, de la maxime disant "pour être embauché il vaut mieux
avoir un profil contestable sur google que pas de profil du tout", de ces sites
américains où l'on peut savoir si son voisin a été condamné pour délits
routiers, combien il a emprunté pour acheter son appartement, sans parler bien
sûr des sites anglo-saxons qui donnent la liste et les photos de vos voisins
condamnés pour pédophilie, afin qu'ils se sentent mieux accueillis dans le
quartier. Je me suis dit, bon, si j'écris tout cela, je vais dépasser le format
usuel de la lettre. Du coup l'article était bancal. Premier point : chacun
laisse volontairement des traces multiples sur internet. Deuxième point (absent
de l'article), tout cela, ajouté à des informations provenant de sites
institutionnels, peut-être utilisé pour la surveillance de tous pas tous, dans
un esprit de franche "transparence".
Sur le blog presse-citron (que je ne connais
pas) un article : dix règles simples pour contrôler son image sur
internet.
Personnellement, j'ai créé l'alerte google
"Jean-Michel Bérard", qui me prévient chaque semaine de ce qui est nouvellement
paru à mon propos sur la toile. Heureusement, pas grand chose. J'ai deux
homonymes très actifs, un préfet et un chef d'entreprise, qui tiennent le haut
du pavé.
Base élève, rebonds
Plusieurs d'entre vous,
bons connaisseurs de l'éducation nationale, approuvent ma conclusion sur base
élève.
Pas de réaction des
militants de la LDH ou de la ligue de l'enseignement, associations pourtant
évoquées, à peine en filigrane, dans le texte.
Extrait de la lettre 12
: "Les associations n'ont pas l'air de voir que au fond la suppression de tous
ces renseignements de base élève prive le citoyen de tout moyen critique
d'analyse du fonctionnement du système.
Je continue de
maintenir fortement que, si l'on avait étudié proprement le système
d'anonymisation par l'identifiant, on aurait pu ne faire remonter que des
informations anonymes mais nécessaires au pilotage du système.
Je ne crois pas
que la lutte contre les abus des fichiers nominatifs doive être une lutte de
principe contre les fichiers. C'est une lutte contre les
abus.
Je ne crois pas
non plus que priver les citoyens d'information sur le fonctionnement du système
soit un progrès de la démocratie."
L'internet et le numérique orientent-ils
notre façon de penser et de créer ? Quelques autres éléments
* Filtrage des
informations qui nous parviennent
Selon Libération du 12 janvier 2009, un moteur de
recherche filtrant catholique vient d'apparaitre sur la toile. Catholicgoogle
filtre les informations :
"Catholic search engine powered by Google striving to provide an easy to use resource to anyone wanting to learn more about
Catholicism and provide a safer way for good Catholics to surf the
web.... it produces balanced results
from all perspectives, from sites all over the internet with more weighting to
given to Catholic websites and sites containing content relating to Catholics
and Catholicism. At the same time our search engine eliminates sites and web
pages containing adult themed and explicit sexual content from web search
results."
Désolé, je préfère ne pas traduire car mes compétences en anglais
sont faibles.
Ce site utilise la
technologie Google mais n'est pas lié commercialement à Google.
Cela dit, là, au moins, on ne peut pas se plaindre de manque de
transparence. Si l'on choisit d'utiliser ce site... Alors que sur Google les
modes de recherche et de classement des résultats sont opaques.
www.catholicgoogle.com
Le Monde 2 du 10
janvier 2009 (Jérôme Fenoglio) : l'article intitulé "Cachez ce sein" montre que
"la frilosité de l'époque en matière de mœurs a conduit à
une série de censures absurdes sur internet, au risque de brouiller les
frontières entres pays libres et régimes autoritaires."
Quelques extraits :
"Facebook a supprimé de son site des photos de mères
allaitant leur bébé, car on y voit le sein pleinement exposé, avec le téton et
l'aréole". (Je ne sais pas, moi, je n'y connais rien,
mais le têton doit tout de même être utile pour allaiter le bébé ?)
"Avant, il y avait les dictatures qui restreignent
strictement le contenu auxquels leurs internautes ont accès, et les autres, qui
s'efforçaient de maintenir la liberté de circulation. Maintenant, voici que "du
bon coté" les sites pratiquent de plus en plus souvent l'autocensure."
L'article ajoute que, le plus souvent, cette censure et cette
autocensure s'autojustifient pas la lutte contre la pédophilie, le terrorisme et
la nécessité de la protection des enfants. Effectivement, si allaiter un enfant
peut lui nuire, il faut le protéger.
*Modifications de la
façon d'écrire et de créer
Sur le blog de rue89 un
article de Hugues Serraf, le 18 janvier 2009.
Extraits : " Non, je n’écris plus à la main et franchement, ça ne me manque
pas. Je me rends bien compte des conséquences désastreuses de cette attitude
pour les futurs étudiants de mon œuvre, qui ne pourront plus, comme ils le font
pour Hugo ou Zola, remonter le fil de ma pensée par l’analyse de mes ratures et
pâtés. [...] Bof, qui écrit encore des lettres?", risqueront les naïfs
rencontrés plus haut mais désormais convertis à la cause de Word sous Windows.
Personne, je vous l’accorde. Mais pour l'auteur d'un article, d'un roman, d'une
thèse, d'un discours politique, d'une note de blog ou du mode d'emploi en
français d'un dictaphone nippon, etc., la possibilité de déplacer ce paragraphe
ici, ce petit bout de dialogue là, de changer un mot, de le rétablir, de le
changer encore, est un luxe auquel il est difficile de renoncer.A moi, en tout
cas, ça serait impossible. Ce qui tombe bien puisque personne ne me le demande."
Fin des extraits.
* Evanescence du
texte
Le rapport "Accueillir
le numérique" a été rédigé pour le conseil d'administration de Alire,
association des librairies informatisées et utilisatrices de réseaux
électroniques et pour le Syndicat de la Libraire française. Le site
www.accueillirlenumerique.com
est consacré à ces problèmes. Dans le rapport écrit, trois pages sont consacrées
à l'expertise de la source des fichiers. Un lecteur pas très averti, comme moi,
comprend que la question est posée sérieusement mais loin d'être résolue. Et
puis si on la résout, quelle valeur aura l'accord sur le plan international,
quelle valeur aura-t-il pour les textes (journaux, revues) autres que le livre ?
Comment pourra-t-on éviter, à une époque où les données seront de plus en plus
stockées en ligne et non dans les mémoires propres aux appareils, que les textes
ne soient modifiés rétrospectivement et subrepticement, au gré des intérêts
commerciaux ou des pressions politiques ?
Et encore...
et un autre intitulé
"Facebook ou le totalitarisme de la transparence."
N'oublions pas en effet
que d'autres peuvent aussi laisser des traces nous concernant, photos, vidéos,
enregistrements, et que nous ne le savons pas toujours.
Un nouveau phénomène à
la mode : le twitter. Merci à ceux de vous qui m'ont envoyé des pistes de
réflexion à ce sujet. Article au prochain numéro, 14.
Fin de la lettre JM
Bérard iets N° 13 25 janvier 2009