[JM B] Informatique et société N° 4 - 28 juin 2008

Sommaire du numéro

Help France, pays des droits de l'homme

Suède, modèle de démocratie

Le gouvernement a peur de l'internet parce qu'il ne le maitrise pas

La loi informatique et libertés est-elle respectée dans les entreprises ?

L'amour, toujours

Base élèves premier degré

Rien n'est trop beau pour les enfants

 Si le réglage de nos messageries respectives fait que vous lisez mal ce message, prévenez-moi, je vous l'enverrai sous un autre format.
*********************
Lettre  JM Bérard "Informatique et société", N°4, rythme de parution  aléatoire
 28 juin 2008
jean-michel.berard chez orange.fr remplacer chez par @

*********************

Je vous ai inscrit arbitrairement sur cette liste. Désabonnement sur simple demande. Diffusion libre. Réactions bienvenues.

La sélection, la rédaction des synthèses et les commentaires n'engagent strictement que moi. Vos réactions, en particulier en cas d'inexactitude, sont bienvenues.

*********************

"Je ne crains pas d'être fiché, je n'ai rien à me reprocher et rien à cacher. Qui plus est, il est bien normal que l'on fiche mon voisin, qui, lui, est source d'insécurité."  Dixit vox populi...   Quand ils sont venus me chercher, il n'y avait plus personne pour protester.

J'ai beau, avec mon pessimisme bien connu, imaginer le pire, il se réalise beaucoup plus vite que je ne peux l'écrire. Du coup, j'ai une tendinite... Bon, je n'ai  pas encore été fusillé devant le Père Lachaise.

*********************

L'essentiel de cette lettre N° 4, et l'essentiel de mes préoccupations ces jours-ci sont tournés vers le projet de loi absolument ahurissant, gravissime, liberticide que prépare, dans une grande indifférence de l'opinion publique, la ministre de l'intérieur pour contrôler tout ce qui circule. L'alerte est donnée par un article en page 1 du Monde du 25 juin. J'attends impatiemment les réactions, pétitions, actions des associations et des mouvements démocratiques, et je m'associerai à toutes. Je sais, la formule a l'air dérisoire, grandiloquente, ridicule, mais vraiment je trouve que avec ce projet (qui au demeurant sera sûrement durci par les députés), la liberté est en danger. (Je veux dire : encore plus en danger...)

*********************

Sommaire du numéro

Help France, pays des droits de l'homme

Suède, modèle de démocratie

Le gouvernement a peur de l'internet parce qu'il ne le maitrise pas

La loi informatique et libertés est-elle respectée dans les entreprises ?

L'amour, toujours

Base élèves premier degré

Rien n'est trop beau pour les enfants

*********************
Help   France, pays des droits de l'homme
 
Synthèse d'un article paru dans le journal Le Monde daté du 25 juin 2008, signé Gérard Davet.
On ne peut malheureusement synthétiser par écrit le dessin de Plantu, dommage.
 
Le ministère de la défense et le ministère de l'intérieur préparent la Lopsi ( olé ! ), loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure.
Dans l'état actuel du projet, le fichier Périclès agrégera diverses données liées à la vie des citoyens, permettra d'introduire dans les ordinateurs privés des logiciels espions sans en informer les intéressés, et limitera la possibilité pour les juges de perquisitionner dans les lieux de pouvoirs (ministères).
Le fichier Périclès pourrait contenir de nombreuses données liées à la vie des citoyens : numéro de carte grise, de permis de conduire, de puces de téléphones portables, autant de renseignements qui usuellement ne sont pas collectés dans les procédures judiciaires.
C'est, selon Le Monde, un général de gendarmerie qui a conseillé de faire figurer dans Périclès des données autres que celles collectées dans les procédures judiciaires. Argument : de toutes façons la ministre de l'intérieur aura du mal à défendre la loi devant le parlement, alors tant qu'à faire... Je vous assure, je n'invente rien.
La loi devrait permettre à l'avenir d'introduire dans les ordinateurs des chevaux de Troie, avec l'aval d'un juge, sans le consentement des intéressés. On pourra accéder à des données informatiques, les observer, les collecter, les enregistrer, les conserver et les transmettre telles qu'elles s'affichent pour l'utilisateur ou telles qu'il les y introduit par saisie de caractères.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/06/24/fichiers-ecoutes-pouvoir-des-juges-les-points-durs-de-la-loi-securite-interieure_1062178_3224.html?xtor=RSS-3208
Selon le site PCinpact, cette loi ne concernerait "que" les infractions commises en bande organisée : terrorisme, etc. Il est tout de même intéressant de voir que, dans les infractions commises en bande organisée figure la pédophilie (cela va de soi ! ), et aussi l'aide à l'entrée et au séjour irrégulier. J'ai un peu l'impression en lisant la liste de PCinpact qu'un "bon" procureur doit arriver à placer tout délit quel qu'il soit dans cette liste très large. Il y a d'ailleurs une grande nouveauté. Les fois précédentes le projet initial ne mentionnait que le terrorisme et la pédophilie, et s'élargissait subrepticement au fil des débats parlementaires. On doit penser maintenant que l'opinion publique a pris l'habitude, et que l'on peut dès le début abattre plus de cartes, cela permettra d'en rajouter plus.

 
A une lecture rapide, ce projet liberticide est encore bien soft (lol). Le vol à l'étalage et la mendicité en bande organisée ne sont pas prévus, pas plus que l'abus de biens sociaux, le délit d'initiés et les atteintes au droit du travail. Gageons que les députés de droite, dans leur grande sagesse, sauront le rendre plus répressif, et que les députés de gauche (?), tétanisés dès qu'on parle de sécurité, n'interviendront guère. Ils craindraient de perdre des voix que, pour l'instant, peu de gens songent à leur donner... Pile la gauche perd, face Sarkozy gagne. Qu'est-ce qui reste : la restriction des libertés. Pince-moi s'est déjà noyé avec pince-mi.
 
Quelques suggestions : pourquoi demander l'aval d'un juge pour espionner l'ordinateur des étrangers en situation irrégulière, des récidivistes, des pédophiles, des personnes condamnées pour injure au président de la république, des journalistes travaillant sur une enquête sensible impliquant le pouvoir  ? Une simple décision administrative devrait suffire, pour épargner une justice déjà surchargée.  Ou une autorisation de la cellule des écoutes de l'Elysée.
Bon, j'ai tort d'écrire cela, même au second degré, si cela se fait vraiment vous allez me le reprocher. Je n'ai aucune crainte : ils y penseront tout seuls, et bien au delà, dans la confusion des navettes parlementaires et des amendements de nuit.
 
Réaction d'un lecteur sur le site du journal : Bientôt, on nous dira, comme dans les bonnes "vieilles" dictatures : "vous êtes contre ?... c'est que vous avez quelque chose à vous reprocher !"... Désolé, même si je n'ai rien à me reprocher (et encore, qui sait?... en cherchant bien...), je refuse d'être fliqué en permanence, sans garde-fou.
 
Suède, modèle de démocratie
 
La Suède s'émeut d'une loi sur la surveillance électronique.
Brefs extraits d'un article paru dans Le Monde du 20/06/2008, signé Olivier Truc
 
Le 17 juin 2008 le vote sur le projet de  loi concernant la surveillance électronique défendu par le gouvernement de droite suédois au parlement de Stockholm a été ajourné après des débats dramatiques.
Selon le projet de loi, toute l'information qui circule sur l'internet dans les groupes de discussion, les courriels, les SMS, les fax, toute page lue sur le Web, toute document créé en ligne via Google, toute communication par téléphone mobile doit passer à travers des filtres qui peuvent réagir à une adresse IP, un numéro de téléphone, la géographie, la langue, un message crypté, un jargon, un mot.
La surveillance doit être effectuée par le service d'écoute du ministère de la défense. Selon les indications données, le pays sera équipé de bornes spéciales par lesquelles passera le trafic électronique pour être filtré par les ordinateurs du ministère. Fin de l'extrait.
Vous voyez, bien, en Suède aussi, pays modèle de la démocratie (et terre des réseaux d'extrême droite évoqués dans Millenium).
Ce mouvement mondial de restriction des libertés, initié par le Patriot Act aux USA, est indispensable (!) pour faire face à tous les dangers qui nous menacent. Pour éviter que les terroristes n'attentent à nos libertés, supprimons à l'avance nos propres libertés, c'est plus sûr.
 

Le gouvernement a peur de l'internet parce qu'il ne le maitrise pas

Sur le site de D. Schneidermann, Arrêt sur image.
Inutile que je synthétise ou que je recopie, c'est très bien dit sur le site.
Un extrait : « Tout le monde a intérêt à rendre acquis le principe de filtrage. Après, chacun peut avoir ses bonnes raisons de filtrer... »
 
La loi informatique et libertés est-elle respectée dans les entreprises ?

 

Sur le site de la Cnil, Tribune de  Hubert Bouchet, commissaire à la CNIL, 23/06/2008

http://www.cnil.fr/index.php?id=2481

 

 Les salariés suivis à la trace ? blanc

Le recours à l’informatique en matière de gestion des ressources humaines – entendu au sens large – n’est plus à démontrer : biométrie, gestion informatisée des carrières et des recrutements, vidéosurveillance, géolocalisation, gestion automatisée des accès et du contrôle des présences, etc. Cette évolution impose sans conteste une vigilance accrue de la CNIL pour que ces instruments, et leur accumulation, n’aboutissent pas à une mise sous surveillance permanente des salariés ; surveillance contre-productive quand elle est excessive.

C’est dans cet esprit que la CNIL a réalisé plus d’une cinquantaine de contrôles, parfois dans le cadre de l’instruction de plaintes qu’elle avait reçues.

On doit constater que l’ensemble des obligations de la loi "informatique et libertés" est parfois mal appréhendé par les responsables de ressources humaines notamment en matière de durée de conservation des données ou d’information des salariés. Deux points ont particulièrement retenu l’attention de la Commission : les conditions de mise en œuvre des dispositifs d’alerte professionnelle et les flux de données vers des Etats n’appartenant pas à la Communauté européenne. Dans les deux cas, il apparaît que les règles relatives à la protection des données sont mal connues et conduisent à la mise en œuvre de traitements non conformes à la loi.

Pourtant, l’informatisation accrue du monde dans lequel évolue les salariés impose une réelle  prise en compte de l’ensemble des dispositions de la loi "informatique et libertés" par l’employeur afin de garantir le respect des droits des personnes concernées.

Je ne parle couramment ni la langue de la diplomatie, ni le langage feutré du Sénat. (Alex Türk, président de la CNIL, est sénateur) et j'ai donc besoin d'un traducteur. Il me semble vaguement que la CNIL veut nous dire que quelque chose ne va pas...

L'amour, toujours

Quelques extraits d'un article de Libération du 23 juin 06, signé Chloé Andries

La jalousie passe au très haut débit.

J'ai bloqué le profil de mon amie sur Facebook, comme cela je ne vois plus les messages qu'elle reçoit et j'arrête de me faire des films.

Il était parti en voyage avec sa boite et je me doutais de quelque chose. Mais sur son profil il n'ajoutait jamais aucune info.  Sauf qu'un jour un de ses collègues, qui était mon "ami" sur facebook; a ajouté des photos de ces fameuses vacances... Le soir même il me crachait le morceau. Seigneur, protégez-moi de mes "amis", mes ennemis, je m'en charge.

En deux clics, je peux savoir si mon ex est célibataire, avec qui il sort, analyser les photos de ses dernière vacances. Avouez que c'est bien plus pratique et bien moins risqué que de soutirer les indices aux copains des copains, l'air de rien. Il y aurait plus simple. Si vous êtes à ce point préoccupée par votre ex, vous feriez mieux de le reconquérir... Vous vous faites du mal, chère amie. D'autant plus que, à vous lire, on a tendance à penser qu'il a eu raison de ne pas rester avec vous.

Base élèves premier degré

Je ne sais si quelqu'un lit cette lettre, mais je suppose que s'il y a un lecteur pour ce paragraphe, il sera sans doute en désaccord avec moi. Je rappelle que je n'engage que moi.

Depuis longtemps (plusieurs années) le ministère de l'éducation nationale préparait la mise en place d'un fichier national des élèves du premier degré. Cette préparation avait lieu avec une concertation réelle mais très limitée, et sans large information.

Puis, petit à petit, les associations militantes (je crois que c'est la ligue de l'enseignement de  Toulon qui a donné l'alerte) ont découvert ce projet, expérimenté dans certains départements. Elles ont découvert en même temps que cette base, telle qu'elle était conçue, comportait de nombreuses atteintes aux libertés individuelles et familiales.

Une mobilisation s'est faite jour, elle a grandi, des pétitions (de contenu inégal) ont circulé et se sont multipliées, la méfiance, justifiée, à l'encontre de ce fichier s'est étendue. Le ministère de l'éducation nationale est cependant demeuré beaucoup trop autiste, continuant à élaborer en vase clos, sans informer largement ni tenter d'écouter ou de convaincre..

Puis d'autres fronts sont apparus : les programmes du primaire, les suppressions de postes, les heures du samedi matin. Dans l'analyse du rapport de force, le ministre a sans doute pensé qu'il ne pouvait tenir sur tous les fronts. Conclusion, à la surprise générale, la quasi-totalité des données sont supprimées de base élève.

Personnellement (je dois être le seul dans mon cas) je trouve que la mobilisation citoyenne qui a eu lieu a été remarquable (malgré certains arguments que je ne partageais pas), mais je ne suis pas content de la décision du ministre. Ont été supprimées de base élève des données tout à fait nécessaires au pilotage du système éducatif. Si l'on avait pris la peine d'étudier la sécurisation de l'identifiant, ces données auraient pu remonter de façon strictement anonymisées, et être très utiles aux études statistiques et au pilotage.

Avec ma paranoïa habituelle, je ne suis pas loin de penser que la droite, qui n'aime guère le système éducatif, se prive d'outils de pilotage pour pouvoir affirmer ensuite que le système ne peut pas être piloté, et qu'il faut décentraliser, déconcentrer, donner plus de pouvoirs scolaires aux maires, mettre les écoles en concurrence, donner le libre choix aux parents, pallier aux défaillances de l'école par l'accompagnement scolaire, etc.  Je dois être trop jacobin, j'aimais bien l'éducation "nationale". Qui plus est ma réaction est totalement subjective.

Rien n'est trop beau pour les enfants

Selon Libération du 26/6/08 la société de jouets Fischer Price met en vente un vélo d'appartement pour enfants, relié à un écran vidéo. Lorsque l'enfant pédale, le contenu de la cassette (vendue séparément, on ne va tout de même pas la donner) se déroule à l'écran.

Selon la société, le but n'est pas de prendre place sur le marché de la vidéo. C'est surtout destiné à lutter contre l'obésité des enfants. Ils oublient de dire que c'est aussi pour faire des économies d'énergie, cela aurait confirmé leurs évidentes bonnes intentions.

Je suppose que Fischer Price a aussi pris des actions dans l'agro alimentaire. C'est une idée géniale : on peut vendre des barres de Mars, décerveler les enfants avec les cassettes, et lutter pour la bonne cause.

Comme le dit l'auteur de l'article : "je me souviens vaguement d'une époque où l'on faisait du vélo dehors". C'était aussi l'époque où il n'y avait pas de barres de Mars, et où les parents lisaient des histoires à leurs enfants. Pas vendeur, coco.